Zao Wou-Ki

Je travaille obstinément à projeter dans mes toiles l’image de l’univers que je sens en moi jusqu’à ce que je puisse parvenir à une perception qui semble toujours m’échapper, a dit Zao Wou-Ki

L’œuvre d’art relève du mystérieux. C’est quelque chose qui doit imposer une adhésion, une communion, dépasser l’individuel. La peinture de Zao Wou-Ki tient à l’existence, pas à l’histoire, elle permet de vivre, elle est la présence arrêtée du présent des émotions, le résultat d’une lutte intérieure. Le signifiant pictural n’est pas un récit. Dans sa peinture, il existe une part de sacré qui échappe au code analytique.

Evasion de l’âme ? Certainement… Zao Wou-Ki développe cette condition spirituelle de l’homme.

Dans ses encres de Chine et ses aquarelles, l’enchevêtrement des traces, des taches et le tumulte des couleurs s’harmonisent pour créer l’œuvre, selon le principe de cette nécessité intérieure. Il nous soulève et nous emporte dans le tourbillon de ses paysages pour retrouver le rythme obstiné des vents avec toute la lumière transportée, le rythme de ses parcours, de ses étonnements, des couleurs, du souffle de l’air, de l’ardeur du feu et du calme de l’eau.

L’unité globale de son œuvre ne vient pas des images qu’elle représente mais de la subtilité de juxtapositions, d’assemblages de jeux de reflets au bord de la métamorphose, de plages de silence, de vibrations légères, irradiées, ensoleillées.

Dans l’art abstrait, ce n’est plus le sujet de l’émotion, mais l’émotion en soi qui est l’objet du tableau. Renoncer à la représentation ce n’est pas renoncer au sens, ni à l’expression par quoi s’offre le sens.

Dans un abandon total à sa vision intérieure, Zao Wou-Ki nous dirige vers ses royaumes cachés en magicien de la lumière. Il guide notre œil qui divague d’une perception à l’autre, transformé en voyageur, impliqué qu’il est parce qu’il devine et imagine.

Sa peinture est une poésie sans mots.