Riera i Aragó. Explorations

Né le 28 juin 1954 à Barcelone, Josep Riera i Aragó expose dans les plus grands musées et institutions culturelles (Espagne, France, Allemagne, Pays-Bas, Etats-Unis,…). Explorant les techniques les plus diverses – peinture, sculpture, installations fragiles ou monumentales – l’artiste multidisciplinaire nous invite à parcourir sa vision graphique et cohérente du monde.

En mars 1982, il entreprend de retranscrire chaque soir, durant un an, les événements de la journée sous forme graphique. De cette expérience naîtra un vocabulaire poétique personnel qu’il ne cessera plus de décliner.

Fasciné par le monde scientifique, il explore de façon méthodique quelques figures élémentaires : zeppelins, sous-marins, avions aux hélices démesurées, aux silhouettes anthropomorphiques. Le mot ‘avion’, précise-t-il, c’est parce qu’il faut nommer les choses. Mais ce sont des choses qui volent dans mon imagination, dans mes rêves et qui me permettent de composer des images avec le sentiment que je veux exprimer.

Ce vocabulaire dont il épurera le symbolisme trouve l’essence de son expression dans une forme simple, oblongue. Cette forme élémentaire, Riera i Aragó lui donnera les traits d’un œil qui condense la tête de ses personnages ; elle plonge sous la surface pour nous emmener dans ses ambiances sous-marines ; s’élève dans les airs sous forme de zeppelin ; se dédouble pour prendre la forme d’hélices qui se redressent pour donner à ses avions une posture quasi humaine.

Dépouillées de l’accessoire, ses structures imaginaires, en un registre délibérément restreint, nous ramènent à notre propre profondeur ou nous renvoient à ce qu’il y a de plus léger, de plus ludique, de plus enfantin en nous.

Dans les tableaux et les sculptures, explique-t-il, il y a des vestiges de choses imaginées, des fragments d’avions qui ne voleront jamais et de sous-marins qui ne seront jamais mis à l’eau. Mais je peux inventer à nouveau le ciel et la mer, et les remplir de tous les engins, même si aucun de ces mots ne contribuera à créer l’aura de silence à laquelle j’aspire dans chaque œuvre.

Ces engins sur lesquels s’embarque notre imaginaire adoptent des supports variés : techniques mixtes ou collages sur toile de lin, de coton, de jute, sur plomb, sur papier ou sur Dibond ; installations alliant bronze, fer, aluminium, laiton, acier ou zamac ; matériaux bruts ou peints, posés, accrochés ou suspendus. L’artiste utilise quelquefois des supports récupérés chez des ferrailleurs ou des brocanteurs. Il cherche alors à restituer dans son œuvre la mémoire de la matière : morceaux de bois dont la fibre est à vif, fers tordus ou oxydés, papiers qui ont traversé les siècles, anciennes toiles de lin ou de coton qu’il fixe sans les tendre et dont les rapiècements, les accrocs, les plis et les décolorations offrent une matière dans laquelle l’homme et le temps ont imprimé leur trace.