Air

L’un des principaux sujets des œuvres de Folon, est le vent, vecteur d’envol et de liberté. C’est lui qui pousse les oiseaux vers d’autres horizons, c’est lui qui caresse le visage de l’homme au chapeau, seul assis devant la mer et c’est encore lui qui porte l’homme lorsque dans un rêve fou, il quitte la pesanteur. Mais au-delà du vent, l’air est présent également, source d’équilibre et de légèreté. Un grand nombre de ses œuvres sont parsemées de bulles en suspens ou qui s’envolent créant une sensation d’apesanteur (Ouverture, 1989 ; L’Oiseau bleu, 2002 ; etc.). Enfin, c’est encore dans l’air qu’un funambule de temps à autre se joue de l’équilibre en marchant sur une corde qui bien souvent n’est rattachée à rien (L’artiste, 1982 ; Le funambule, 2002, etc.). Et, finalement avec l’automate (Equilibre, 2000), Folon affirme ce concept de légèreté et de liberté d’action.

Blue Shadow

Affiche Blue Shadow - Fondation Folon

Blue Shadow recouvre une double réalité dans la vie de Folon. C’est d’abord le nom de la société d’édition de sa compagne Paola Ghiringhelli, pour laquelle Folon, notamment, créera des affiches. Et c’est aussi une péniche, sur laquelle Folon et Paola vivront partiellement dans les années 1980 et dans laquelle Paola exerçait son métier de galeriste et d’éditrice. La péniche était amarrée à Bir Hakeim, sous la Tour Eiffel. Partant d’une péniche traditionnelle, Folon avait imaginé une superstructure comme une maison percée de nombreuses fenêtres, lui conférant un air d’arche de Noé. En référence à son nom, elle était peinte en différents tons de bleu. L’étage inférieur de la péniche, relié par un escalier tout en courbe, était aménagé en habitation.

Burcy

En 1968, Jean-Michel et Colette Folon envisagent de quitter de Paris et leur appartement de la rue de l’Echaudé, devenu trop étroit pour toute la famille. L’annonce d’une maison à la campagne avec « une vue imprenable » les séduit. La famille s’installe alors dans une vieille ferme située dans le village de Burcy, en Seine-et-Marne, aux portes de la Beauce, région agricole. Le panorama sur la plaine vallonnée joue un rôle déterminant dans le développement de l’œuvre de Folon. La lumière, le vent, la ligne d’horizon et l’espace infini du ciel s’imposent. Restaurée et agrandie au cours du temps, la maison de Burcy reste le laboratoire artistique de Folon sa vie durant, même lorsqu’il s’établira de manière durable à Cap d’Ail et à Monaco. En 1996-1997, en échange de la destruction du château d’eau du village, devenu inutile, Folon conçoit les vitraux de la petite église du village, sur le thème de saint Amand.

En savoir plus :
Soavi, Giorgio, Vue imprenable. Essai sur le monde de Folon, Chêne, Paris, 1974.

Cinéma

L’image en mouvement, et particulièrement le cinéma, fascine Folon de longue date. Dans les années 1970, Folon envisage sérieusement de faire du cinéma. « On est né avec le cinéma. C’est l’art le plus neuf. La musique, la danse, la peinture, la sculpture, l’architecture sont des arts anciens. Le cinéma est un art né avec le siècle, la rencontre de tous ses moyens d’expression. C’est un art qui nous influence tous », confie-t-il en 1982 à Paul Augé. En 1975 et 1976, Folon s’essaye lui-même comme acteur dans les films dont il crée les affiches, dont F comme Fairbanks, Lily aime-moi, Un type comme moi ne devrait jamais mourir. S’il se signale par un jeu d’acteur moyen, il en tire des amitiés fortes, notamment avec Miou-Miou, Marlène Jobert, Chris Marker et surtout Patrick Dewaere. Progressivement, il renonce au cinéma traditionnel pour aller vers des films d’animation. Il continue cependant à créer des affiches de cinéma et sera le premier artiste européen à réaliser les affiches des films de Woody Allen.

Déclaration universelle des Droits de l’Homme

Le 10 décembre 1948, les 58 États Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale des Nations-Unies adoptent la Déclaration universelle des Droits de l’Homme à Paris au Palais de Chaillot. Celle-ci est aujourd’hui traduite dans plus de 500 langues. Elle comporte 30 droits fondamentaux, innés, inaliénables, indivisibles, interdépendants et universels. En tant que déclaration, elle n’a pas force de loi. Elle est un consensus autour d’un idéal moral vers lequel tendre.

En 1988, Amnesty International demande à Folon, alors au faîte de sa renommée, d’illustrer la Déclaration. Folon opte pour l’aquarelle, sa technique de prédilection, dont il s’impose comme l’un des praticiens les plus accomplis. En contrepoint de cette technique lumineuse et douce, les sentences graphiques de Folon sont alarmantes ; à l’exception des articles 2, 14, 26, 30 et de la couverture, qui distillent chacun à leur manière un peu d’espoir, le ton des illustrations n’est que douleur, terreur, intimidation, inégalité, inhumanité.

C’est l’absence des droits que l’artiste pointe, montrant l’insoutenable poids des existences sans le respect de cette charte fondamentale. Folon utilise pleinement les moyens graphiques qui sont les siens, jouant notamment sur des rapports tronqués de proportions pour exprimer l’oppression – la victime réduite à un fétu -, ou les métamorphoses, telles ces silhouettes mi-plumes mi humaines. Stylisation et économie de moyens – le dessin est réduit à quelques lignes essentielles – sont totales.

Sur les trente articles de la Déclaration, Folon en illustre 19 auquel il ajoute une composition pour le préambule, faite de collages de carton cannelé et d’aluminium martelé, sorte d’épouvantail à la fois terrifiant et vain. Outre les aquarelles originales, la Fondation Folon conserve des dizaines d’esquisses, témoignages passionnants de l’élaboration de la pensée visuelle de l’artiste.

La Déclaration universelle des Droits de l’Homme illustrée par Folon a été rééditée par la Fondation Folon en 2018. Elle est en vente à l’artshop de la Fondation Folon.

En savoir plusFermer

Écologie

https://fondationfolon.be/

Dès le début des années 1960, Folon développe une forte conscience écologique, qui anticipe bien des constats actuels.

Si elle se matérialise d’abord par des dessins en noir et blanc, la vision environnementale de l’artiste se décline également en couleur, à l’aquarelle et en sérigraphie, alors qu’il acquiert une vieille ferme dans le village de Burcy, où, environné de champs, il comprend l’inanité des villes et la distanciation toujours plus grande entre l’homme moderne et la nature.

En 1988, son engagement est total ; il se met au service de l’ONG Greenpeace dans le cadre de sa campagne contre les bases et les essais nucléaires en mer (Deep deep trouble). Au-delà de l’aide qu’il apporte aux défenseurs de l’écologie en leur procurant une visibilité, son amour et son respect pour la nature se ressentent dans la plupart de ses œuvres.

Famille d’esprit

Famille d'esprit - Fondation Folon

Humaniste et homme de rencontres, Folon tire beaucoup d’énergie de son contact avec autrui, créant tout au long de sa vie une « famille d’esprit », selon ses mots, composée d’amis, d’idoles, d’artistes, de personnalités marquantes de la culture et des arts, issus de divers milieux et de tout âge. Inlassablement, Folon a capté par la photo les belles intimités créées, les complicités, les connivences. Pour en citer quelques-uns :

  • Les écrivains Giorgio Soavi, Jorge Semprun, Ray Bradbury, Georges Simenon,…
  • Les photographes Fulvio Roiter, Henri Cartier-Bresson, Jacques Henri Lartigue,…
  • Les cinéastes Alain Resnais, Roman Polanski, Chris Marker, Yannick Bellon, Federico Fellini, Woody Allen,…
  • Les actrices et acteurs Yves Montand, Rufus et Patrick Dewaere, Miou-Miou, Marlène Jobert, Marthe Keller
  • Les musiciens Michel Colombier, Michel Legrand, Steve Khan
  • Les peintres et illustrateurs Saul Steinberg, Milton Glaser, Roland Topor, Bosc et Chaval, Pierre Alechinsky, Balthus,…
  • Les sculpteurs César, Pol Bury,…

L’œuvre de Folon est aussi marquée d’influences d’artistes qu’il n’a pas eu l’occasion de rencontrer. L’empreinte de René Magritte et de Paul Klee y est évidente. Plus subtile est l’admiration qu’il porte à Giorgio Morandi, qu’il ne connaitra pas directement, mais dont il photographie avec délicatesse l’atelier.

Flèches

La Forêt - Fondation Folon

Signe récurrent, la flèche est au centre de la première exposition importante de Folon à Paris en 1968 (Folon, Galerie de France, 1968). Toute l’aliénation de la ville moderne se concentre dans ce seul symbole qui représente la confusion directionnelle provoquée par l’amoncellement des signes, des sens giratoires, des panneaux indicateurs, etc. Dans ses œuvres, les flèches deviennent folles et partent dans toutes les directions (Un cri, 1970). Pire, elles sont sournoises et s’enroulent autour des villes comme des serpents autour de leurs proies (La Jungle des villes, 1971). Finalement, la flèche a envahi le monde jusque dans la tête de ses habitants, jusqu’à en surgir dans tous les sens, montrant que l’homme a atteint le point de saturation : il ne digère plus ni les signes qu’on lui impose ni le trop-plein d’informations qui lui parviennent chaque jour (Le Quotidien, 1978). À d’autres moments, la flèche apparaît comme la voie unidirectionnelle que l’on tente d’imposer à l’homme et dans laquelle il est pris au piège (Le Chemin, 1985). Folon raconte que cette thématique lui est apparue, lorsqu’en cherchant à passer le temps pendant les trajets entre Paris et Bruxelles, il compta tous les panneaux comprenant des flèches et en comptabilisa 1268 !

Horizon

Dans son désir d’évoquer le voyage et la liberté, Folon joue d’horizons lointains, qui apparaissent dans son œuvre dans la seconde moitié des années 1980, alors qu’il s’installe à la côte d’Azur, troquant de plus en plus les fonds de collines pour un horizon marin. C’est particulièrement sensible dans la série des « Voyages ».

Humanisme

Affiche contre la peine de mort - Fondation Folon

L’œuvre de Folon est imprégnée d’un grand sens éthique. À travers la douceur de ses couleurs, il tente de nous guider vers la tolérance et la paix. Car selon lui, « si l’Homme passait plus de temps à admirer la beauté du monde, d’une œuvre, il en aurait moins à consacrer à la guerre et en oublierait la violence, souvent gratuite, qui l’anime. » Folon ne dépeint pas le monde d’une manière tragique. Ses œuvres sont empreintes d’humour ou de poésie car la beauté, au-delà de sa valeur esthétique, a dans son travail une connotation morale. Folon s’élève contre la peine de mort, revendique l’égalité entre les êtres quelles que soient leur couleur, leur religion ou leur culture, défend les minorités et cela avec un langage accessible à tous : des images, des signes universels et compréhensibles à tous. C’est pourquoi des organisations comme Amnesty International ont fait appel à lui pour illustrer non seulement leurs affiches (1977, 1986), mais aussi la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (1988), dans l’optique de redonner l’envie de croire en l’humanité. Folon s’engage par ailleurs contre le racisme, qui n’a aucune raison d’être car pour le peintre, « les couleurs sont faites pour se mélanger et pour s’aimer. » Il réalise encore bien d’autres projets parmi lesquels une affiche intitulée Contre la peine de mort (1978), une autre pour le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (1991), pour l’Unesco (1988) ou encore celle des Ve Jeux para-olympiques d’hiver en 1992 représentant un oiseau aux ailes brisées mais qui vole.

Langage

Dès ses premiers dessins, Folon élabore un langage, bien à lui fait d’une grammaire et d’un vocabulaire qui le suivent à travers toute son œuvre et lui confèrent une rare cohérence. Sa grammaire repose sur une économie radicale de moyens, basée sur l’expression élémentaire de la ligne et la charge émotionnelle de la couleur. Son vocabulaire se compose essentiellement de quelques signes, presque d’archétypes : flèches, personnages, masques, yeux, mains, oiseaux, etc. Il les mixte en actualisant les leçons des surréalistes et des expressionnistes : métamorphoses, métonymies, contaminations, jeux sur les rapports de proportions, etc.

Liberté

Folon est véritablement l’artiste qui a su mettre la liberté en formes et en couleurs. Qu’il la revendique lorsqu’il soutient une grande cause ou qu’il la suggère tout simplement, elle est toujours présente en toile de fond. Tous ses thèmes, tous ses signes en expriment différents degrés. La liberté, chez Folon, c’est celle que gagne un oiseau lorsqu’il sort de sa cage, mais c’est aussi la grandeur infinie des horizons ouverts, un bateau qui s’en va sur la mer, des hommes qui tentent d’aller « dialoguer avec le vent » en s’envolant… Chacune de ses œuvres est un appel à la liberté individuelle, à la liberté de penser et à la liberté physique.

Main

Affiche Dancers - Fondation Folon

Si la main se fait parfois menaçante, comme lorsque, immense, elle pointe du doigt un homme égaré dans la ville (Quelque part quelqu’un, 1972), elle apparaît plus généralement comme bienfaitrice, protégeant un pays dans le creux de sa paume (UnicefLes 1000 jardins du désert, 1989), prodiguant le soleil de l’autre main (La Toscane, 1980), et parfois même libératrice comme sur la couverture de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1988), où elle laisse s’envoler les oiseaux porteurs de messages de paix. Cette grande main, indépendante de tout corps, apparaît aussi souvent tel un présentoir, soutenant un arbre (Aujourd’hui, 1979), un oiseau (Dialogue, 1979), etc. Elle évoque la main d’un démiurge, quel qu’il soit, d’un créateur au sens large.

Mer

MER. Photos Thierry Renauld - Fondation Folon

Au-delà de la thématique du voyage et de la liberté devant l’étendue infinie de l’eau, l’artiste intégra la mer à son œuvre de façon littérale dans sa sculpture de 1997 La mer, ce grand sculpteur. En imaginant un homme assis dans les vagues, il la fait participer à la création, laissant le mouvement des flots perpétuer indéfiniment son travail de sculpteur. L’œuvre est donc en perpétuelle évolution, présentant une patine différente à chaque instant, et est le témoin de l’action du temps. C’était aussi le moyen de redonner à la nature sa primauté sur la création humaine.

Objets

Folon s’inspire dans ses œuvres de nombreux objets trouvés. Parmi ceux-ci, certains sont détournés de leur utilité première pour être transformés en icônes, en idoles ou en masques comme un cadenas ou des appâts pour pieuvres. Folon est un accumulateur ; tel un « chef d’orchestre du hasard », il combine ses trouvailles pour leur redonner  une nouvelle vie. Rien d’étonnant, finalement, à ce que cet artiste belge ait hérité d’une certaine vision du monde surréaliste consistant à séparer un objet de son identité première ou en tout cas de celle que l’on admet communément. Il ne s’agit pas ici de jouer avec les mots ou avec les noms, mais plutôt avec la forme et la fonction. Folon propose au spectateur de renouer avec son imagination d’enfant et de transcender le réel en portant un regard différent sur les objets les plus insignifiants.

Œil

La nuit, 1973 - Fondation Folon

Comme tout ce qui est rond, l’œil est une forme que Folon aime. Il prend d’ailleurs souvent la place du soleil, comme un créateur inconnu venant observer le monde (Partir, 1977 ; L’Aube, 1984, etc.). Parfois, l’œil dessiné par Folon reflète une autre image (Exposition J.M. Serreau, 1974 ; Europalia France 75, 1975), celle d’un paysage qui se situerait derrière le spectateur… L’artiste s’amuse ainsi à créer un dialogue entre le dessin et celui qui le regarde. Mais l’œil qui est dans l’image, c’est aussi celui du spectateur lui-même, sorte de mise en abîme du regard, de jeu de miroirs. Et si Folon accorde tellement d’importance au regard, c’est parce qu’il sait, en tant qu’affichiste, que c’est d’abord à travers la vue qu’il faut interpeller le public pour les faire s’arrêter, regarder et entrer dans l’image et les sensibiliser.

Oiseau

L’oiseau est un des animaux fétiches de l’artiste. Jouant d’universalité, il est directement perçu comme un messager, renvoyant à la paix et à la liberté portées, notamment, par la colombe de la Bible. Jouant de sa faculté analogique, Folon les colore comme des drapeaux pour la couverture de la Déclaration universelle des Droits l’Homme (1988), porteurs des valeurs contenues dans ce texte juridique. Pour le Bicentenaire de la Révolution française (1989), il les peint aux couleurs du drapeau français et les groupe par trois, les faisant naturellement résonner avec la devise de la France (Liberté, Égalité, Fraternité). C’est encore l’oiseau que Folon représente, cette fois les ailes brisées mais parvenant toujours à voler, pour illustrer l’affiche des Ve Jeux para-olympiques d’hiver en 1992. Mais quand il ne vient pas illustrer une grande cause, l’oiseau apparaît souvent comme signe dans sa valeur intrinsèque ; légèreté, lien entre le ciel et la terre, invitation au voyage, liberté… Et lorsqu’il vole dans la tête de l’homme, faut-il y voir la pureté de l’âme, ou un homme qui rêve de voyage ? Peut-être s’agit-il du songe fou d’Icare, ou encore d’un prisonnier qui aspire à s’évader… Chacun, selon son expérience, en fera sa propre interprétation. Mais on peut en tout cas y voir Folon lui-même, lui qui a toujours eu envie de « partir dialoguer avec le vent » et pour qui l’oiseau s’envole dans la tête (L’oiseau dans la tête, 1999).

Personnage

Affiche Foultitude - Fondation Folon

Principal personnage de l’œuvre de Folon, l’homme au chapeau est un (anti-)héros universel. Ce personnage est réduit à sa plus simple expression : deux points pour les yeux, un trait pour la bouche, un chapeau qui évite à l’artiste de dessiner des cheveux, et enfin un grand manteau qui lui épargne le souci de lui trouver une garde-robe. Il ne nous est pas inconnu parce qu’il nous rappelle d’autres hommes au chapeau, comme celui de Magritte ou encore celui des films de Chaplin. Il possède l’universalité du Monsieur-Tout-le-Monde auquel chacun peut s’identifier. Chez Folon, comme déjà chez ses prédécesseurs, il est le plus souvent empreint d’une profonde solitude, égaré dans les méandres des grandes villes, ou assis face à la mer. Il lui arrive cependant de se perdre dans la foule ou démultiplier jusqu’à la Foultitude (1969), car c’est bien l’humanité toute entière qu’il représente. Nul n’est plus banal que lui, et pourtant il est capable de tous les exploits, et surtout celui de voler.

Silence

Tout comme l’air, le silence est un sujet difficile à représenter. Il est pourtant bien présent dans l’œuvre de Folon, sous-jacent, implicite. En effet, devant la représentation des oiseaux et des hommes qui s’envolent, seul le vent vient siffler dans nos oreilles. Devant l’homme assis seul face à la mer, c’est uniquement le bruit des vagues qui viennent s’échouer à nos pieds que l’on imagine. Quant à cet homme, égaré dans l’immensité des villes modernes, c’est un silence très pesant qui vient alourdir le malaise qui s’en dégage.  Certaines œuvres, au contraire, sont extrêmement bruyantes, comme la série La jungle des villes (1971) dans laquelle la folie des flèches vient résonner dans nos têtes. Le silence apparaît enfin en tant que tel dans l’une des illustrations que Folon a faites pour la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (1988), lorsqu’un soldat réclame, d’un simple signe et sous un œil menaçant, le silence à un homme bâillonné.

Tête

Si l’homme au chapeau se retrouve très fréquemment dans son œuvre, il arrive fréquemment à Folon de cadrer et de le réduire à sa tête, jouant à merveille de l’art de la métonymie. Toute l’attention se focalise alors sur ce que cette partie du corps contient : les pensées. Car chez Folon, la tête est souvent représentée ouverte, comme s’il la passait aux rayons X afin que l’on puisse découvrir ce qui se cache sous le chapeau : un oiseau qui s’envole, un homme qui passe, un œil qui observe… Toujours un signe simple qui résume à lui seul une infinité d’idées en ouvrant le champ des interprétations. D’autres têtes reviennent fréquemment, sous forme de cylindres ouverts reposant presque toujours sur la main gauche. Contenues dans ces cylindres, les idées de l’homme, comme dans Le monde (1984) où la tête sert de réceptacle au globe terrestre et dont la paroi est constellée d’étoiles. Parfois, les idées vont jusqu’à surgir de la tête, notamment dans l’aquarelle intitulée Les amis (1989), où toute une série de paires de mains multicolores se serrent en s’envolant dans toutes les directions et en emportant avec elles un message de paix. On peut aussi imaginer une représentation de l’état d’esprit de Folon au moment où il tient son pinceau, comme dans cet Autoportrait (1987) où huit oiseaux volent dans une tête vue de profil, mais la lecture ne peut s’arrêter là. Il s’agit surtout d’une invitation à réfléchir au processus de signification ou d’une passerelle pour inciter à penser, à rêver.

Valise

Evasion, 2004 - Fondation Folon

Si la valise est un motif récurrent dans le travail de l’artiste, c’est qu’elle lui permet d’illustrer avec une grande originalité les thématiques qui lui sont chères : le départ, le voyage, la liberté. Avec une grande originalité, il utilise très souvent l’espace créé par la forme du bagage comme cadre à son dessin. Il remplit littéralement la valise du voyage qu’il a fait (Lointains, 1986-87 ; La route, 1988, etc.), des lieux qu’il a visités et des souvenirs engrangés (Landscape Memory, 1982 ; Une ville, 1986, etc.). On la retrouve aussi dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme (1988), où elle apparaît comme une fenêtre de prison dont on aurait scié une partie des barreaux et s’ouvrant vers un horizon ensoleillé. Elle représente l’espoir de liberté du prisonnier ou de tout homme qui chercher asile dans un autre pays.

Ville

Il peut sembler évident pour un artiste, affichiste de surcroît, d’être préoccupé par la ville. Et c’est sans doute parce qu’on lui a inculqué pendant ses années d’étude en architecture une technique fastidieuse et méthodique de dessin, où chaque brique devait être identique à la précédente, que la ville est restée pour Folon une obsession. La ville, c’est le super-signe, celui qui englobe tout. La ville moderne émerveille autant qu’elle effraie l’artiste, réduite à des barres d’immeubles aveugles, obscurs et froids. Les villes de Folon sont menaçantes. Tout est fait de briques. L’homme semble totalement égaré, pris au piège comme dans une impasse, étouffé sous l’amoncellement des flèches et des panneaux indicateurs. On peut y voir un cri, une critique de la société, mais également une mise en garde contre la folie des hommes qui massacrent la nature en toute impunité.

Voyage

Le voyage est l’un des grands thèmes de l’œuvre de Folon. Et pour l’illustrer, il utilise une série de signes récurrents, tels la valise, la route ou le bateau. Si certaines de ses images parlent du voyage littéralement, comme la série des collages de morceaux de caisses d’oranges et autres bouts de carton en tout genre, dont la forme évoque des bateaux naviguant au large, la plupart de ses œuvres sont une métaphore du départ, de l’évasion en général, comme ces oiseaux qui toujours s’envolent, cette voiture sur la route (On the road, 1983), ou ces valises servant de cadre à une autre image (Lointains, 1986-87 ; La route, 1988, etc.). Plus que de représenter le voyage, l’artiste l’a véritablement intégré à son œuvre, notamment dans la série de sérigraphies Je vous écris (1988) dans lesquelles une carte postale, provenant des États-Unis, de Chine, du Japon ou de Grèce, est le point de départ du tableau. La correspondance – cartes postales, enveloppes – est une opportunité supplémentaire pour Folon de s’exprimer comme il aime le faire, par le dessin. En définitive, ce que Folon propose au spectateur devant chacune de ses œuvres, c’est de faire un voyage intérieur empreint de poésie, un voyage spirituel vers ses propres souvenirs et ses propres rêves.

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L'accès au musée se fait sans réservation.

Les réservations sont uniquement obligatoires pour les activités intergénérationnelles (visites guidées et ateliers artistiques).

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Tarifs

Musée

Standard 12€
+65 ans 8€
-26 ans (étudiant avec carte) 5€
-18 ans 5€
-6 ans Gratuit
Forfait famille (2 adultes & 3 enfants) 30€
museumPASSmusées ; ICOM ; presse Gratuit
Professeur (avec la carte Prof) 5€
Article 27 (avec 1 ticket) 1,25€
Personne porteuse de handicap (+1 accompagnant) Gratuit

Exposition temporaire

Standard 8€
+65 ans 7€
-26 ans (étudiant avec carte) 5€
-18 ans 5€
-6 ans Gratuit
Forfait famille (2 adultes & 3 enfants) 30€
museumPASSmusées ; ICOM ; presse Gratuit
Professeur (avec la carte Prof) 5€
Article 27 (avec 1 ticket) 1,25€
Personne porteuse de handicap (+1 accompagnant) Gratuit

Musée et expositions temporaires

Standard 15€
+65 ans 11€
-26 ans (étudiant avec carte) 5€
-18 ans 5€
-6 ans Gratuit
Forfait famille (2 adultes & 3 enfants) 35€
museumPASSmusées ; ICOM ; presse Gratuit
Professeur (avec la carte Prof) 5€
Article 27 (avec 1 ticket) 1,25€
Personne porteuse de handicap (+1 accompagnant) Gratuit

Avantages partenaire

La Fondation Folon est partenaire d’EducPass, du Passeport 365, du Coupon 365, du VIF & KNACK Club et du PASS VisitWallonia. Merci de présenter votre carte afin de bénéficier de l’avantage.