Signe récurrent, la flèche est au centre de la première exposition importante de Folon à Paris en 1968 (Folon, Galerie de France, 1968). Toute l’aliénation de la ville moderne se concentre dans ce seul symbole qui représente la confusion directionnelle provoquée par l’amoncellement des signes, des sens giratoires, des panneaux indicateurs, qui finalement, bien plus que nous guider, finissent par nous perdre et par nous étouffer. C’est pourquoi dans ses œuvres, les flèches deviennent folles et sautent dans toutes les directions (Un cri, 1970). Pire, elles sont sournoises et s’enroulent autour des villes comme des serpents autour de leurs proies (La Jungle des villes : Monstres, 1971). Finalement, la flèche a envahi le monde jusque dans la tête de ses habitants, jusqu’à en surgir dans tous les sens, montrant que l’homme a atteint le point de saturation : il ne digère plus ni les signes qu’on lui impose ni le trop-plein d’informations qui lui parviennent chaque jour (Le Quotidien, 1978). A d’autres moments, la flèche apparaît comme la voie unidirectionnelle que l’on tente d’imposer à l’homme et dans laquelle il est pris au piège (Le Chemin, 1985). Folon raconte que cette thématique lui est apparue, lorsqu’en cherchant à passer le temps pendant quelques trajets entre Paris et Bruxelles, il commença à compter tous les panneaux comprenant des flèches et finit par en comptabiliser 1268 !