Personnage

Principal personnage de l’œuvre de Folon, l’homme au chapeau est un héros universel. Né du désir de l’artiste d’animer et de donner une échelle à ses premiers dessins de villes (une déformation professionnelle peut-être puisque avant de quitter la Belgique en 1955, il avait débuté des études de dessin industriel), ce personnage est réduit à sa plus simple expression : deux points à la place des yeux, un trait à la place de la bouche, un grand chapeau qui lui évite de dessiner des cheveux, et enfin un grand manteau bleu qui lui épargne le souci de lui trouver une garde-robe. Et s’il ne nous est pas inconnu ce personnage, c’est parce qu’il nous rappelle d’autres hommes au chapeau, comme celui de Magritte ou encore celui des films de Chaplin. Il y a une universalité de l’homme moyen, du Monsieur Tout le Monde auquel chacun peut s’identifier. Chez Folon, comme il l’était déjà chez ses prédécesseurs, il est le plus souvent empreint d’une profonde solitude, égaré dans les méandres des grandes villes, ou assis tout seul devant la mer, nous rappelant qu’au fond, on est toujours tout seul, en particulier dans notre dialogue avec une œuvre d’art. Il lui arrive cependant de se démultiplier jusqu’à la Foultitude (1969), car c’est bien l’humanité toute entière qu’il représente. Nul n’est plus banal que lui, et pourtant il est capable de tous les exploits, en premier lieu celui de s’envoler. Et cet homme qui s’envole, ne serait-ce pas Folon, ou plutôt son alter ego réalisant son rêve ?