Ville

Quoi de plus évident pour un artiste, affichiste de surcroît, d’être sans cesse préoccupé par la ville. Et c’est sans doute parce qu’on lui a inculqué pendant ses années d’étude une technique fastidieuse de dessin, où chaque brique doit être identique à la précédente, agressive avec ses angles qui coupent, que la ville est restée pour Folon une obsession. La ville, c’est le super-signe, celui qui englobe tout. En effet, la ville moderne fait peur à l’artiste, elle est trop grande, morte. Dans les villes de Folon, tout peut être fait de briques, même les arbres, même la neige qui tombe en Décembre (1973), même les hommes (Vivre en ville, 1971). Cette ville menaçante où l’homme semble totalement égaré, pris au piège comme dans une impasse, étouffé sous l’amoncellement des flèches et des panneaux indicateurs, c’est la ville telle que Folon imagine qu’elle sera demain, résultat de la folie des hommes qui massacrent la nature en toute impunité. On peut donc y voir un cri, une critique de la société actuelle, mais également une mise en garde contre ce qui nous attend dans un avenir proche, si l’on ne fait rien pour y remédier.